La Passion Selon Saint-Jean (VF) avec le Choeur Liturgique de Saint-Augustin

J’aurai très bientôt le plaisir de chanter l’Evangéliste et les trois arias de ténor de la PASSION SELON SAINT-JEAN de Jean-Sébastien Bach, dans une version intégrale française, avec le Choeur Liturgiste de Saint-Augustin et le choeur et ensemble orchestral CONFITEBOR, sous la baguette de Christophe Martin-Maëder.

Affiche des concerts de la Passion Selon Saint-Jean

La spécificité de de concert est donc que cette Passion de Bach sera donnée non pas en Allemand, mais en Français ! Après tout, chaque année à Paris des choeurs, orchestres et solistes d’un niveau exceptionnel donnent toujours des versions extraordinaires des Passions, comment nous autres amateurs pourrions espérer faire mieux ? Autant donc faire quelque chose d’un peu original… et d’utile. En chantant en Français, nous rendons l’oeuvre plus accessible au public de nos paroisses, et nous donnerons à ces concerts une composante religieuse plus directe, en cette période de Carème. Les concerts seront une et deux semaines avant les Rameaux, où ce même récit de la Passion sera lu dans toutes les églises de france et du monde… bon, cette année c’est celle de Saint-Luc qui sera lue, mais ne chipotons pas.

Pour moi c’est un concert particulier : Bach tient une place à part dans ma vie, et la Passion Selon Saint-Jean aussi, depuis que je l’ai chantée avec les Petits-Chanteurs de Sainte-Croix de Neuilly avec François Polgar en 2005… il y a vingt ans déjà ! Hervé Lamy faisait un évangéliste formidable, et ce rôle me semblait un Everest inaccessible. Et pourtant voici que je m’y attaque… Un peu dubitatif d’abord, que ce soit sur la version française proposée ou par ma propre capacité à en chanter les notes, je me suis piqué au jeu.

J’ai ainsi intégralement réécrit les récitatifs de cette passion. Traduire Bach, ce n’est pas difficile - c’est impossible (Lucini disait cela de “réciter Baudelaire”). Le problème est en effet surcontraint :

Le tout est donc de trouver un bon compromis qui ne transige absolument pas sur le troisième point, presque pas sur le premier, et fait ce qu’il peut avec le deuxième ! Voici par exemple le numéro 2A :

Les 4 premières mesures du 2A dans les 3 versions Les 4 premières mesures du 2A dans les 3 versions

Les mots à forte intention musicale semblent être Jesus, Jüngern (disciples), Kedron (Cédron ou des Cèdres), Garten (Jardin). Il faut donc si possible, à mon sens, les laisser exactement aux mêmes endroits de la mélodie, et donc trouver une tournure de phrase qui le permette. Dans la version française du XIXe siècle dont nous disposions, ces mots-clés sont parfois déplacés, un peu, beaucoup, ou même disparaissent purement ou simplement. Je trouve cela particulièrement regrettable pour les occurences de “Jésus” sur des Sols très expressifs, à l’attaque de la mesure 1, ou au point culminant de la tension musicale, dernier temps de la mesure 3 juste avant la résolution par cadence parfaite. J’ai donc réécrit ces mesures pour que les mots importants retrouvent leur emplacement - et par conséquent leur expression musicale et symbolique.

En y a allant progressivement, semaine après semaine, cela m’a demandé quelques dizaines d’heures sur mon éditeur de partition, avec la version allemande sur les genoux, la version française sur un deuxième écran, et la traduction actuelle de la bible (sur le site de l’AELF sur ma tablette… Christophe me prêta main-forte après la première répétition pour effectuer quelques corrections, qui ont abouti à la version qui vous sera proposée dans deux et trois semaines.

En espérant vous y voir nombreux !